Cahiers d’Artistes

Renseignements
Sibilla Panzeri
Spécialiste Arts visuels
Par le biais des Cahiers d’Artistes, Pro Helvetia permet à des artistes suisses prometteurs de publier une première publication artistique et monographique tout en offrant aux professionnels de l’art et au public intéressé une vitrine des tendances actuelles de la scène artistique suisse.
Sur recommandation d’un jury, Pro Helvetia sélectionne tous les deux ans huit artistes de différentes disciplines artistiques qui ont répondu à un appel à candidatures public. Les publications sont le fruit d’une étroite collaboration entre les artistes, les auteures et les auteurs, le bureau de graphisme et maison d’édition Jungle Books et Pro Helvetia. Vers la sélection actuelle.
Grâce à son réseau national et international et ses contacts directs avec les institutions, la Fondation suisse pour la culture permet la diffusion des Cahiers d’Artistes auprès des curatrices, curateurs et critiques d’art du monde entier.
Les Cahiers d’Artistes ont été lancés en 1984 par la Fondation suisse pour la culture, offrant un large aperçu de l’activité artistique suisse des 35 dernières années. Vers les archives.
En juin 2021 les huit Cahiers d’Artistes des artistes suivants ont été publiés :
Dorota Gawęda *1986 Lublin PL et Eglė Kulbokaitė *1987 Kaunas LT, vivent et travaillent à Bâle
Dorota Gawęda et Eglė Kulbokaitė sont des lectrices assidues – une passion qui trouve son expression dans leur projet à long terme YOUNG GIRL READING GROUP qui marqua le début de leur collaboration en duo en 2013. Comme l’écrit l’auteur Jeppe Ugelvig, leur travail artistique est une station émettrice permettant la diffusion d’histoires. À cette fin, les artistes puisent dans différentes sources, se détournant toutefois progressivement du discours académique occidental pour privilégier des textes vernaculaires (par ex. mythes folkloriques, histoires de pratiques magiques ou dossiers judiciaires de procès de sorcellerie). Sur le plan thématique, les deux artistes examinent notre relation avec la nature et la technologie, ou encore les questions de genre. Avec leurs œuvres multimédias qui comprennent, outre la performance et la vidéo, des parfums, des installations, des sculptures et des photographies, les artistes proposent des formes de perception et de représentation alternatives.
Dorota Gawęda und Eglė Kulbokaitė, Cahier d’Artistes, 2021 © Dorota Gawęda und Eglė Kulbokaitė / Bonbon / Pro Helvetia
Roman Gysin *1984 Möhlin, vit et travaille à Zurich
Pour son Cahier d’Artistes, Roman Gysin s’est inspiré du design des magazines de mode et d’architecture intérieure – fait guère surprenant vu sa prédilection pour la décoration et l’esthétique camp orientée sur l’exagération et la culture quotidienne. Gysin entrelace de manière ludique des images de son atelier avec des vues d’œuvres et de photographies qu’il a lui-même prises ou collectionnées. Les motifs et ornements des photographies entament un dialogue passionnant avec les œuvres que Gysin réalise avec une grande dextérité dans son atelier. Le texte de Sylvain Menétrey examine la relation de l’œuvre de Gysins avec le (post-) minimalisme et l’esthétique queer, soulignant la manière dont l’artiste brouille les lignes entre la culture élitiste et populaire.
Roman Gysin, Cahier d’Artistes, 2021 © Roman Gysin / Bonbon / Pro Helvetia
Andreas Hochuli *1982 Zurich, vit et travaille à Genève
Dans son Cahier d’Artistes, Andreas Hochuli présente un catalogue raisonné de ses peintures réalisées à ce jour. Un accrochage numérique de 131 tableaux est parcouru à la manière d’un travelling, reflétant un mode de travail à mi-chemin entre la conception numérique et la réalisation physique. Des images de corps côtoient des formes abstraites ou des images de mots (par ex. Wohnen, bauen, denken [vivre, construire, penser]). Hochuli s’intéresse aux êtres humains, à leurs relations et à leurs identités, à la société, à son état actuel ainsi qu’à son développement futur. Son œuvre tisse des liens avec la sociologie, la musique et l’histoire de l’art. Elle interroge les signes et leur conditionnement culturel, avec une pincée d’humour et un brin de mélancolie. L’ensemble est ponctué de textes de l’artiste qui, avec ses peintures, donnent lieu à un dialogue associatif avec le texte poétique d’Ingo Niermann.
Andreas Hochuli, Cahier d’Artistes, 2021 © Andreas Hochuli / Bonbon / Pro Helvetia
Sandra Knecht *1968, vit et travaille à Buus
Sandra Knecht est connue pour ses dîners intitulés Immer wieder sonntags [Toujours les dimanches] à Chnächt, une grange jurassienne qu’elle a transportée sur les rives du Rhin à Bâle. Sa pratique artistique culinaire forme la clé de voûte du Cahier d’Artistes ainsi que du texte de Koyo Kouoh. Cette approche englobe aussi bien la conservation du patrimoine culinaire que la quête d’identité à travers les odeurs et les saveurs, l’hospitalité et l’exploration du potentiel transformatif de la préparation des aliments et des repas en commun. Par ailleurs, la publication montre que pour aborder ses thèmes de prédilection – responsabilité, égalité et transformation – Sandra Knecht recourt également à la photographie, la vidéo, la sculpture et l’installation.
Sandra Knecht, Cahier d’Artistes, 2021 © Sandra Knecht / Bonbon / Pro Helvetia
Marie Matusz *1994 Toulouse, vit et travaille à Bâle et Zurich
Dans son Cahier d’Artistes, Marie Matusz présente des photographies en noir et blanc de la maison de son arrière-grand-mère, une opulente demeure richement ornée d’innombrables reproductions des peintures classiques. La date sur les photographies suggère qu’elles ont été prises en 1994. Cette erreur technique a fasciné l’artiste, qui s’intéresse non seulement à la sociologie et à la linguistique, mais aussi à la philosophie et aux questions portant sur la dissolution de l’espace et du temps. D’autre part, le Cahier d’Artistes réunit différents groupes d’œuvres qui thématisent les structures de pouvoir contemporaines, la nature et la justice. Alan Longino décrit l’ambiance de l’œuvre de Matusz avec le terme leucocholy emprunté à Thomas Gray : «a good easy sort of state», une «mélancolie blanche» dans laquelle Marie Matusz se retrouve.
Marie Matusz, Cahier d’Artistes, 2021 © Marie Matusz / Bonbon / Pro Helvetia
Noha Mokhtar *1987 Genève, vit et travaille à Zurich et New York City
Inspirée par les méthodes de recherche ethnographique, la pratique artistique de Noha Mokhtar englobe la photographie, l’installation et les objets. L’artiste examine la manière dont les espaces et les objets sont liés aux thèmes sociaux et politiques ainsi qu’aux différentes formes de pouvoir. Dans ce contexte, l’artiste se penche sur des concepts tels que l’histoire, la culture et la domesticité. L’accent est placé sur la manière dont l’espace et la matérialité de l’environnement influent sur les relations sociales. Dans son Cahier d’Artistes, Noha Mokhtar combine tantôt ses propres travaux photographiques avec des images trouvées, tantôt des objets avec de petits textes. Parallèlement, l’essai de Sarah Rifky suggère des méthodes d’analyse de l’œuvre de Noha Mokhtar à l’aide des termes suivants : pli, rotation, rêve, motif, étincelle, coulage, fracture, répétition, descente, rêve, pli.
Noha Mokhtar, Cahier d’Artistes, 2021 © Noha Mokhtar / Bonbon / Pro Helvetia
Elena Montesinos *1971, vit et travaille à Genève
Elena Montesinos est une agitatrice culturelle au bon sens du terme. Si elle déborde d’idées pour des projets artistiques et curatoriaux, ceux-ci ne sont pas toujours menés à bien, que ce soit en raison de leur coût de production exorbitant, d’un rejet, ou de leur caractère perturbateur, voire illégal. Dans son Cahier d’Artistes intitulé UNRELEASED, la Montesinos Foundation propose vingt projets inédits en vue d’une exécution littéraire. Le Cahier d’Artistes invite à un voyage à travers l’imagination d‘Elena Montesino, où son potentiel activiste et transformateur trouve l’occasion de se déployer sans retenue. Et comme l’artiste privilégie la collaboration et la polyphonie, elle a convié cinq complices (Samuel Gross, Eve-Marie Knoerle, Irène Languin, Luca Pattaroni et Claude-Hubert Tatot) pour rédiger un petit texte sur différents aspects de son travail (par ex. l’écologie ou l’humour).
Elena Montesinos / The Montesinos Foundation, Cahier d’Artistes, 2021 © Elena Montesinos / Bonbon / Pro Helvetia
Ramaya Tegegne *1985 Genève, vit et travaille à Genève
Ramaya Tegegne expose les mécanismes de la domination et les rapports de pouvoir dans le contexte culturel en observant son économie, sa circulation et son historisation. Outre ses performances et ses installations, elle s’engage en faveur d’une économie alternative et équitable dans le domaine de l’art par le biais de la campagne Wages For Wages Against qui revendique pour les artistes des meilleures conditions de travail ainsi qu’une rémunération adéquate. Le Cahier d’Artistes de Ramaya Tegegne offre une vue d’ensemble de ses projets d’artiste et d’activiste tout en thématisant les conditions économiques dans lesquelles ils sont réalisés. Le texte de Chaédria LaBouvier présente l’œuvre de l’artiste dans le contexte de l’activisme, de la race et du genre ainsi que de l’assistance mutuelle (« We Are Each Other’s Business, We Are Each Other’s Harvest »).
Ramaya Tegegne, Cahier d’Artistes, 2021 © Ramaya Tegegne / Bonbon / Pro Helvetia
Jury
- Fanni Fetzer, directrice Kunstmuseum Luzern
- Luca Frei, artiste, Lugano/Malmö
- Samuel Leuenberger, curateur SALTS et Parcours, Art Basel
- Denis Pernet, curateur associé Audemars Piguet Art Programme, Lausanne
Renseignements
Sibilla Panzeri
Spécialiste Arts visuels
Au printemps 2022, Pro Helvetia a choisi, sur recommandation d’un jury, huit artistes pour la nouvelle édition des Cahiers d’Artistes. Les artistes élaborent la publication artistique et monographique en étroite collaboration avec les graphistes Samuel Bänziger, Rosario Florio et Larissa Kasper, leur maison d’édition Jungle Books à Saint-Gall et Pro Helvetia. Les Cahiers d’Artistes paraîtront au milieu de l’année 2023.
- Patricia Bucher *1976 Aarau, vit et travaille à Zurich et Berlin
- Martin Chramosta *1982 Zurich, vit et travaille à Bâle
- Maria Guta *1983 Bucarest, vit et travaille à Neuchâtel et Genève
- Thomas Julier *1983 Brigue, vit et travaille à Zurich
- David Knuckey *1985 vit et travaille à Genève et Zurich
- Rhona Mühlebach *1990 Dettighofen, vit et travaille à Glasgow
- Gabriel Stöckli *1990 Mendrisio, vit et travaille à Lugano et Milan
- Eva Zornio *1987 Arlesheim, vit et travaille à Genève
Jury
- Valérie Knoll, commissaire d’exposition, ancienne directrice de la Kunsthalle Berne
- Zilla Leutenegger, artiste, Zurich
- Andrea Marioni, artiste, Bienne
- Sylvain Menétrey, commissaire d’exposition, Genève
Commandes
Les séries VI-XV (2006 à 2021) peuvent être commandées auprès des Edizioni Periferia. Les séries antérieures sont en grande partie épuisées ; pour plus d’informations, veuillez contacter Sibilla Panzeri.
Sibilla Panzeri
Dans les archives on trouve des publications d’artistes tels que Fischli/Weiss (1985), Pipilotti Rist (1994), Valentin Carron (2004) ou Claudia Comte (2014), y compris des textes de critiques d’art tels que Jean-Christophe Ammann (1986), Rein Wolfs (1999), Dorothea Strauss (2004) ou Chris Kraus (2019). Quelque 160 publications ont déjà vu le jour.
À l’origine publiés en autoédition, les Cahiers d’Artistes ont été repris par Lars Müller Publishers à la fin des années 90. Depuis 2006, leur publication est assurée par Edizioni Periferia, Luzern/Poschiavo. Le bureau de graphisme zurichois Bonbon se charge de leur conception depuis 2015.